Face à la crise et aux difficultés de l’économie actuelle, faut-il adopter une attitude positive et optimiste ou au contraire rester très réaliste comme disent bon nombre de pessimistes souvent pris très au sérieux.

« Le pessimiste pense qu’un jour est entouré de deux nuits, l’optimiste pense qu’une nuit est entourée de deux jours. » Francis Picabia

• L’optimisme est-il une qualité à développer pour le manager leader ?
• Ou est-ce une vision non réaliste de la vie ?

Pour nous aider à y voir plus clair, je vous propose de parcourir le livre de Philippe Gabilliet, Eloge de l’optimisme (Édition Saint-Simon 2010).

Optimisme ou pessimisme ?

Pour Philippe Gabilliet, il ne fait aucun doute que l’optimisme doit être vu comme un devoir, même s’il est vrai, dit-il, que le pessimisme fait plus sérieux, car considéré comme plus « réaliste ».

« Le pessimiste pense qu’un jour est entouré de deux nuits, l’optimiste pense qu’une nuit est entourée de deux jours. » Francis Picabia Cliquez pour tweeter

Pourtant, les études les plus récentes, par exemple dans le domaine de la santé et des neurosciences, montrent clairement que les optimistes sont en meilleure santé et que le pessimisme peut mener aux idées noires et à la dépression (l’auteur cite Thierry Janssens, la solution intérieure, Fayard 2007).

Dans son avant-propos, Luc SIMONET, Président d’Optimistes sans frontières, Royaume de Belgique, situe bien l’apport que peut avoir ce livre :

 » Au fond, « L’Éloge de l’optimisme » nous aide à renouer avec l’Antiquité, quand le savoir n’était pas dissocié de la sagesse, quand les philosophes formaient des vertueux plutôt que des virtuoses cherchant à nous procurer un « équipement de l’âme » qui nous aiderait à mourir et, avant cela, à vivre.

C’est effectivement l’essentiel de ce que la philosophie antique nous a légué : apprendre à vivre et à mourir ! Il ne s’agit pas de grands discours, mais d’art de vivre, d’affronter le quotidien avec des armes intérieures qui s’aiguisent avec l’âge et l’expérience. Cela ne veut pas dire que les idées sont absentes. Elles sont bien présentes et donnent toujours un cadre grandiose aux éléments « terre à terre » du vivre au présent. (Voir nos réflexions et citations sur la philosophie antique). »

Qu’est-ce que l’optimisme ?

L’optimisme dérive du latin : optimus (très bon, le meilleur), lui-même superlatif de bonus (bon). Philippe Gabilliet cite Leibniz comme étant un de ceux à poser les bases d’une philosophie optimiste : à son optimisme absolu répond l’optimisme relatif (parfois aussi appelé « méliorisme ») d’un Fénelon (1651-1715), héritier en cela des philosophes de l’Antiquité, et tout particulièrement de Marc-Aurèle et des stoïciens.

Et on en revient à l’antiquité…

L’optimisme est avant tout une attitude mentale ! 

« L’optimisme, c’est voir la vie à travers un rayon de soleil. » Carmen Sylva

« L’optimisme, c’est voir la vie à travers un rayon de soleil. » Carmen Sylva Cliquez pour tweeter

C’est une façon de voir le monde mais aussi d’agir dans le monde. Quelles que soient les difficultés rencontrées, l’optimiste y trouvera des opportunités.

Epictète (50-130 ap. JC) disait déjà :

« Pour moi, il n’y a que d’heureux présages ; car, quoi qu’il arrive, il dépend de moi d’en tirer du bien. » Epictète

« Pour moi, il n'y a que d'heureux présages ; car, quoi qu'il arrive, il dépend de moi d'en tirer du bien. » Epictète Cliquez pour tweeter

Ou encore :

« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu’ils en ont. Par exemple, la mort n’est point un mal, car, si elle en était un, elle aurait paru telle à Socrate, mais l’opinion qu’on a que la mort est un mal, voilà le mal. Lors donc que nous sommes contrariés, troublés ou tristes, n’en accusons point d’autres que nous-mêmes, c’est-à-dire nos opinions. » Epictète

« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu'ils en ont. » Epictète Cliquez pour tweeter

L’optimiste va donc sans cesse choisir de voir les choses positivement. Cela lui donne des opportunités, de la chance, diront certains.

Nous avons déjà discuté de la chance dans les citations du leader 4/20, et nous avons vu en effet cette corrélation entre la chance et la capacité que nous avons à saisir les opportunités. Il faut saisir Kairos quand il passe. Après, c’est trop tard… Les chanceux sont des optimistes opportunistes.

Les qualités des optimistes

L’auteur voit clairement les optimistes à la base de l’évolution culturelle par leur capacité d’anticipation :

« Planter au printemps pour récolter à l’automne est un signe culturel d’optimisme, tout comme attaquer un mammouth au javelot, entreprendre la construction d’une cathédrale en sachant qu’elle ne sera peut-être terminée qu’un siècle plus tard ou s’accorder – tel Kennedy – moins de dix ans pour envoyer un homme marcher sur la Lune. » Philippe Gabilliet

Cela part de 4 convictions (p. 23) :

• Le pari sur la force de volonté (individuelle et collective) afin de faire changer les choses. C’est refuser de renoncer…
• Le pari sur l’existence d’une solution et le refus de tout fatalisme.
• Le pari sur la ressource positive. C’est le culte des points forts ! Voir le verre à moitié plein.
• Le pari sur l’action opportune et prendre les options qui conviennent à tout moment.

« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité ; un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté. » Winston Churchill

« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité ; un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté. » Winston Churchill Cliquez pour tweeter

Les optimistes vont donc se reconnaître à trois caractéristiques (p. 28) :

• Leur façon d’envisager l’avenir ;
• Leur façon d’interpréter les événements passés qui leur sont advenus (en particulier, lorsqu’ils sont négatifs, mais pas seulement) ;
• Leur façon de décider et de faire des choix dans l’instant présent, les optimistes vivant presque toujours leur présent comme une sorte de « réservoir d’avenir favorable ».

Par rapport à l’interprétation des événements, il y a une grande différence avec les pessimistes.

Philosophie positive

Philippe Gabilliet reprend les travaux de Martin Seligman qui explique que nous avons trois façons d’expliquer les événements de notre vie :

• La causalité : ce qui m’est arrivé est-il plutôt de mon fait (personnalisation) ou dû à des circonstances extérieures ?
• La stabilité : ce qui m’est arrivé est-il appelé à se répéter à chaque fois (durable) ou était-ce exceptionnel (temporaire) ?
• La globalité : ce qui m’est arrivé est-il valable dans tous les domaines de ma vie (universalité) ou cela concerne-t-il uniquement le domaine concerné (spécificité) ?

Ainsi, face à un échec important ou à une épreuve inattendue, un pessimiste aura plutôt tendance à croire que cette situation désagréable :

• est stable, c’est-à-dire qu’elle va se poursuivre, se répéter.
• est globale, c’est-à-dire qu’elle va affecter tous les autres domaines de sa vie.
• est de son seul fait, de sa seule responsabilité. (Et donc culpabilisation…)

Un aspect important de l’optimiste réside dans sa capacité d’auto-motivation par un dialogue intérieur. Nous retrouvons là une des pratiques essentielles des philosophes antiques : l’examen de conscience et le dialogue interne, piliers des exercices spirituels.

« Que jamais le sommeil ne ferme ta paupière sans t’être demandé :

Qu’ai-je omis ? Qu’ai-je fait ?

Si c’est mal, abstiens-toi ; si c’est bien, persévère.

Médite mes conseils ; aime-les ; suis-les tous, aux divines vertus ils sauront te conduire.»

Les vers dorés, Pythagore

La philosophie positive (M. Seligman, Christopher Peterson) met en avant l’optimisme qui contribue à la santé et au bien-être de quatre façons :

• L’optimiste se sent responsable de ce qui lui arrive quand l’expérience est positive mais peut relativiser en cas d’échec. Le pessimiste à tendance à faire l’inverse. Il se culpabilise pour les échecs et ne se sent pas responsable de ses réussites.
• L’optimiste prend sa santé en main et réagit pour faire quelque chose.
• L’optimiste aura des réactions positives aux difficultés de la vie. Il en réduit l’impact.
• Enfin, grâce à leurs contacts sociaux, les optimistes protègent leur santé.

« Être optimiste conduit à supposer face à l’incertain, qu’il existe une issue favorable et se donner le droit d’agir pour la faciliter. » Christophe André

Être un leader optimiste

Pour l’entreprise, il est important d’avoir des manager-leaders optimistes qui sont capables d’aller vers des solutions et surtout de pouvoir influencer positivement les équipes. Il sera important de continuer à donner du sens dans les périodes d’incertitude et de rappeler les objectifs, tout en donnant de la reconnaissance. Le manager doit aussi créer une atmosphère de travail qui soit à la fois efficace et dynamique tout en donnant l’enthousiasme nécessaire pour faire face aux difficultés.

Voici les 4 attitudes du manager optimiste selon Philippe Gabilliet :

• Il cultive et renforce les points forts de l’équipe, c’est-à-dire les qualités et le potentiel des collaborateurs.
• Il privilégie les solutions partielles efficaces et surtout s’attarde au « pourquoi ? » on est arrivé là. Il évite l’excès de perfectionnisme.
• Il traque les petites victoires pour féliciter et motiver ses collaborateurs.
• Il pousse à la prise de risque et à la persévérance. Il accorde le droit à l’erreur et l’utilise pour l’apprentissage.

« Le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. » Winston Churchill

En bref, ce livre nous invite à regarder le monde avec un regard optimiste, cela peut changer la vie. Je vous invite donc à le lire ou d’adopter cette attitude du verre à moitié plein…

« Un livre, c’est un détonateur qui sert à faire réagir les gens. » Amélie Nothomb

« Un livre, c’est un détonateur qui sert à faire réagir les gens. » Amélie Nothomb Cliquez pour tweeter

Les questions du coach

• Comment allez-vous développer cette approche positive et optimiste ?
• Quelles sont les freins que vous y voyez dans votre quotidien ?
• Quelle anecdote pouvez-vous partager dans les commentaires sur une approche optimiste qui vous a réussi ?